Si la capitainerie représente la tour de contrôle d’un port de plaisance, son ou ses plongeurs en sont les yeux et les mains réparatrices. C’est comme cela que se « voit » Jean-Claude Abot quand il arpente les quais du port Rayon afin de surveiller la moindre défaillance ou dégradation d’un bateau ou d’une infrastructure. « J’ai une connaissance parfaite des installations et de leur état. Au moindre coût d’œil, je sais ce qui ne va pas. Une expérience qui me permet de juger de la moindre anomalie qu’elle soit due à une dégradation accidentelle ou à une usure du temps ». Voilà pour la partie terrestre du travail de Jean-Claude Abot. Car l’autre facette de son activité se passe, le plus souvent, sous l’eau.
Ce plongeur professionnel, originaire d’Antibes, connaît les moindres recoins des ports dans lesquels il est appelé à intervenir. La mer, il en fait son jardin. « A 13 ans, mon père m’a initié à la chasse sous-marine. A 18 ans, j’ai commencé la plongée avec bouteille et j’ai passé mes premiers niveaux en loisirs ». Une immersion dont il va faire son métier, d’abord en s’engageant dans l’armée où il fera 15 ans de carrière pour finir instructeur à l’école de plongée près de Lyon.
Pour son retour dans le « civil », Jean-Claude Abot ne quitte pas le milieu maritime et il dirige une société de plongée loisir, avant de se poser sa candidature au Port Camille Rayon, à la recherche d’un plongeur professionnel à l’année pour s’occuper du site. Ses compétences et ses qualifications emportent la mise sur ses concurrents et c’est ainsi qu’il bascule dans les travaux sous-marins.
Aujourd’hui, il est l’un des personnages essentiels dans l’environnement du port. « Un bon plongeur, c’est un vieux plongeur » se plaît-il à préciser. Car ce métier n’est pas sans risque. « Quand on travaille dans un milieu portuaire, les dangers peuvent venir de tous les côtés, des hélices, des câbles et surtout d’un milieu aquatique où nous manquons souvent de visibilité » précise-t-il. Un métier où il n’y a pas de place pour les inconscients. L’hiver, l’activité se résume le plus souvent à de l’entretien, aux vérifications et aux réparations des infrastructures qui peuvent se faire sous l’eau tandis que le printemps et la période estivale est plutôt dévolue à la mise en état et à l’entretien des bateaux des plaisanciers. « Nous devons savoir tout faire (soudure, mécanique, électricité…) car nous sommes aussi appelés à faire des expertises pour les chantiers navals, les commissions d’experts ou les brokers. Nous faisons également des études, des audits et des expertises pour les communes, le département ou la CCI » poursuit Jean-Claude Abot.
Des interventions quotidiennes ou plus ponctuelles qui demandent une grande disponibilité. « Il faut être prêt à agir 24h/24 et 7j/7. C’est la force de l’artisan » commente-t-il avec une certaine fierté, mais aussi pour expliquer que le métier demande de l’exigence.
Mais outre, son activité de plongeur professionnel sur le port Camille Rayon ainsi que sur d’autres sites de la région azuréenne, Jean-Claude Abot ne manque pas non plus de s’engager dans des opérations de grand nettoyage. C’est ainsi qu’il participe bénévolement à des actions de dépollution, qu’il prend part aux opérations « pavillons bleus », encadre l’enlèvement d’épaves ou sensibilise les plaisanciers et autres amoureux de la mer à prendre soin de ce milieu exceptionnel.
Un monde sous-marin qu’il compte bien surveiller et protéger encore longtemps avant de transmettre son savoir-faire à un autre passionné de la mer et des ports.
Article K.NATTON